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Le Macropode et son agressivité

samedi 3 novembre 2007, par Michel DANTEC

Macropodus opercularis Ninh Binh

...Macropodus opercularis n’est pas très recommandé en bac communautaire, par contre, son élevage qui compte parmi les plus faciles chez les « Labyrinthidés » ne manquera pas de vous donner satisfaction si vous tentez l’aventure…
C’est dans ces termes que Jacques Nicolas parlait de Macropodus opercularis en 1986…

Après toutes ces controverses sur l’agressivité de M. opercularis, voici résumé en quelques lignes mon expérience acquise au fil du temps sur ce poisson. A mon sens, le poisson du paradis n’a pas été élevé pour chercher à développer son agressivité, mais plus pour développer les variantes de son patron : bleu, rouge, albinos etc…

Macropodus opercularis albinos

Première remarque : les formes de sélection proposées dans le commerce aquariophile donnent des animaux plus fragiles requérant une température minimale. Inutile à mon sens de vouloir les faire estiver en bassin extérieur dès leur achat…

Il est reconnu que la forme naturelle « sauvage » est plus agressive que les sujets nés en captivité. La différence dans leur comportement peut relever de deux interprétations : le sujet né en aquarium, n’a connu que cet espace de liberté, le sujet né en milieu naturel garde en « mémoire » la notion de territoire.

J’ai tenté une expérience simple à réaliser lors de l’estivation des poissons en bassin extérieur. Un lot de poissons issus d’une même ponte a été séparé en deux groupes, le premier a passé l’été en bassin extérieur planté (1700 litres), le second est resté en bac non chauffé. Le constat relevé à la fin de l’estivation laisse paraitre que les sujets maintenus en bassin extérieur pendant la belle saison sont plus grands que ceux conservés en aquarium, avec des couleurs beaucoup plus soutenues. Une fois acclimatés en bac de quarantaine avant leur transfert en aquarium non chauffé à la fin de l’été (fin septembre), ils se montrent plus agressifs que ceux laissés en intérieur. Il va s’établir rapidement une hiérarchie après quelques affrontements. Il est obligatoire pour l’éleveur de surveiller plusieurs fois par jour les poissons afin d’être présent pour ôter un sujet pris comme souffre-douleur. Si il cède à la tentation de placer un poisson venant de l’extérieur dans le groupe resté « au chaud », il est quasi-certain que l’éleveur court à la catastrophe. Le poisson étranger au groupe est rapidement molesté, il ne fait pas parti des sujets appartenant au groupe reconnu.

Si l’on souhaite, après quelques jours, préparer un couple en vue d’une reproduction parmi les sujets récemment rentrés de l’estivation, il faut s’attendre à ce que le mâle reprenne l’ascendant agressif sur la femelle, il a retrouvé son caractère de sujet sauvage qu’il adopte en milieu naturel. Pour exemple, le couple que m’a remis Marc a été isolé dans un bac de 60 litres avec un petit Ancistrus sp. qui a été victime de l’agressivité partagée des deux partenaires. Pour démontrer que l’agressivité n’est pas systématique, un couple issu d’un groupe d’une quinzaine d’individus prélevé en vue d’une reproduction a été réintroduit après la ponte sans dommage dans son groupe de départ. Ces poissons n’avaient pas connu l’estivation.

Vu sous un autre angle, le nombre d’individus maintenus ensemble dans un aquarium et la façon dont ils sont maintenus, ont une conséquence directe sur le développement (ou non) de l’agressivité au sein du groupe. Un grand nombre de poissons dans un volume réduit limite les dommages, mais n’est pas conseillé en terme d’éthique. Un nombre de sujets plus restreint dans un bac inadapté voit une agressivité développée. Il faut que l’éleveur trouve et adopte le bon équilibre nécessaire pour la maintenance de ses poissons.

Macropodus opercularis bleu

Lors de la reproduction, les poissons marquent d’autant plus leur territoire. Cela est remarqué en bac d’ensemble où plusieurs sujets se côtoient. Dans un bac d’ensemble de 250 litres, deux couples se sont côtoyés sans difficulté jusqu’au jour où le couple dominant a décidé de se reproduire, au détriment des autres poissons qui ont été chassé et poursuivi mortellement pour la femelle. Mais, l’exception confirmant la règle, il m’est arrivé de constater que tout se passe bien. Dans un grand volume où vivait cordialement plusieurs M. opercularis « bleu »,le couple dominant a construit son nid à un bout du bac alors que le couple dominé décide de se reproduire à l’opposé du premier sans dommage particulier, si ce n’est une remarquable lutte qui s’est engagée pour le partage du territoire défendu plus par les femelles que par les mâles, trop occupés à surveiller leur nid réciproque.
Enfin, je peux citer l’exemple d’un mâle hyper agressif qui ne supportait aucun de ses congénères sans raison particulière…

2conclusion2

Pour conclure sur ce thème de l’agressivité chez Macropodus opercularis, l’espèce qui est certainement la plus calme est M. spechti. Il faut toutefois noter que des combats avec prise de bouche ne sont pas rare chez les mâles dominants. Il arrive que cela débouche sur des lèvres arrachées, ne gênant en rien les protagonistes. Macropodus ocellatus semble bien se supporter en dehors de la période de reproduction, mais le faible effectif disponible pour une étude suivie limite les observations. En ce qui concerne M. hongkongensis, les premiers résultats de maintenance laisse apparaitre une espèce très agressive, même en dehors de la reproduction. Elle est actuellement peut disponible, ce qui est d’autant plus désolant, car son biotope est largement menacé. Je garde le meilleur pour la fin : Macropodus erythropterus que je décrirais comme hyper-agressif. Si les jeunes se supportent bien, à mesure de leur croissance et dès l’apparition d’un mâle dominant dans un lot, c’est la catastrophe avec des querelles à n’en plus finir qui débouchent sur une forte mortalité. C’est donc un poisson à surveiller de près.

Il serait intéressant de connaitre les diverses versions concernant l’agressivité de ces poissons parmi les éleveurs qui détiennent ces magnifiques poissons que sont les Macropodes.